Lettre d'adieu d'Alfred SEGUIN
écrite de la maison d'arrêt de la Santé à Paris



Alfred SEGUIN

SEGUIN Alfred, Adolphe, Jean-Marie
Né le 23 juin 1914 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, Côtes d'Armor), fusillé le 5 octobre 1942 à Paris 15e, manoeuvre chauffeur, FTP, militant du Parti communiste clandestin.
Paris la Santé 5 octobre 1942
(12h45)

Chers parents

La terrible nouvelle vient de nous être donnée, nous devons être fusillés cet après midi à 16 heures. J'ai eu le bonheur de voir ma petite Rolande tout à l'heure mais je ne lui ai pas dit la terrible nouvelle elle l'apprendra assez tôt. Je vous demande d'avoir beaucoup de courage et de remonter le moral à Jean (1), il faut qu'il soit un homme, dans la circonstance. Je vais lui adresser un mot. Je vous demande dans votre chagrin, de soutenir moralement ma chère petite femme, et matériellement dans votre possibilité. Quelle terrible chose enfin je meurs xxxxx (2) xxxxxxx xxxxxxxx xxxxxx xxxxxxx et xxxxxx xxxxxxx xxxxxxx la xxxxx. Je vous embrasse de tout mon coeur en vous disant adieu, et en vous demandant d'être courageux dans cette épreuve.

J'embrasse toute la famille.
Mes derniers baisers
de votre fils qui vous aime.

Alfred

(1) Jean : demi frère d'Alfred SEGUIN.
(2) xxxxx : mots censurés par les autorités d'occupation, tel que l'on peut le voir sur la photo ci-dessous.